Samedi
matin 8 heures, un groupe de kaf’kaliens prêts à l’aventure, se
retrouvait dans la bonne humeur en haut de l’esplanade pour un sympathique
covoiturage, destination Montolieu, à 15 kms de la Cité de Carcassonne. Une escapade pour la journée
au village du livre en plein pays cathare.
Le
soleil était de la partie, la chaleur et les tenues légères au rendez-vous.
Après
1h 30 de route, arrivée dans ce petit village typique perché sur un piton
rocheux.
Sortant
de nos voitures respectives, encore imprégnés de leur climatisation ambiante, nous
sommes immédiatement saisis, non par une chaleur étouffante, mais bien par le
froid ! Et la température de ces derniers jours ne nous avait pas incités
à nous munir de lainage !
De
chercher alors un café pour se réchauffer ! Que nenni ! Point de
cafés ouverts, tous fermés, qui en
vacances, qui changement de propriétaires… Déception et perplexité !
Dans
le même temps les voitures n’en finissent pas de défiler de manière inattendue ! Nous serions-nous trompés de lieu ?
Un
aimable passant nous indique cependant que le boulanger du village pourrait
nous faire du café ! Décidément ce village n’est pas banal !
Le
sympathique montolivain se fait notre intermédiaire auprès du
boulanger, nous installe des tables, des chaises, juste en face de la
boulangerie, et repart d’un pas tranquille là où ses affaires
l’appellent ! Surpris et ravis nous apprécions à sa juste valeur le café
et les croissants chauds que nous amène le jeune et souriant boulanger.
Réchauffés et rassérénés, nous attaquons alors la visite des seize librairies de
livres anciens ou d’occasion, au gré des petites ruelles fleuries.
Chacun suit son instinct et se perd avec délice dans ces petits lieux
magiques, y dénichant parfois de petits ou de grands trésors.
Nous nous retrouvons vers 11h 30 pour aller découvrir l’Apostrophe,
Nous nous retrouvons vers 11h 30 pour aller découvrir l’Apostrophe,
Lieu improbable chargé d’histoire, ou chaque espace est extraordinaire. Surpris de découvrir cet endroit magique et magnifique où il règne une atmosphère apaisante,
nous évoluons dans la grande maison de maître |
de l’ancienne manufacture de draps |
pour terminer dans les jardins et y siroter un chardonnay bien mérité ! |
Puis nous nous dirigeons vers « Les Anges au plafond »,
restaurant tenu par deux anglaises, qui nous accueillera pour un délicieux repas.
A 15h direction le Musée des Arts et Métiers du Livre - fondé par le relieur Michel Braibant - où un guide compétent nous accompagne tout au long d’un parcours à travers l'histoire de l'écriture, sa naissance, celle de ses supports, jusqu'à l'essor de l'Imprimerie. Nous y découvrons des machines étonnantes et un règlement intérieur d’époque surprenant ! Un voyage dans le temps passionnant.
Après un ultime passage par la boutique, nous quittons le musée et retrouvons les paisibles ruelles pour encore quelques flâneries et découvertes...
Vers 16h 30, nous rejoignons tranquillement nos voitures respectives,
pour prendre le chemin du retour les yeux encore emplis des merveilles entrevues ! Une journée un peu hors du temps pour clore cette saison 3 du Kaf’kali. (Danièle)
*********
"Une Journée à Montolieu, village du livre
et des libraires" - Evelyne Tschirhart le 3 juillet 2015 -
"Un des temps forts de Kaf'kali
fut bien cette journée à Montolieu, village de l'Aude, réputé pour
ses librairies innombrables, où les nourritures spirituelles allument leur
fanal dans chaque rue et ruelle.
Pourtant, à notre
arrivée, nous avons cru - ayant quitté Montagnac sous un azur sans
mélange, que le ciel allait nous tomber sur la tête, tant les brumes matinales
semblaient ne pas vouloir se dissiper ! D'aucuns, les frileux, regrettaient
déjà la petite laine qu'ils avaient omis d'emporter avec eux. Il y a des
optimistes invétérés...
À peine arrivés
au village, nous nous sommes mis en quête d'un café, d'un bar tabac, d'un
bistrot, si vous préférez. Mais tous étaient fermés, désespérément clos, ce qui
donnait au village une ambiance un peu étrange : était-il abandonné ?
Ensommeillé ? Encore plongé dans les bras de Morphée ? Un village de
conte de fées, endormi pour cent ans comme la Princesse attendant son
prince charmant ? Nous étions déjà dans un phénomène paranormal, une
histoire à dormir debout. Nous avions beau nous frotter les yeux, point de café
à l'horizon.
Par chance,
quelques habitants (à compter sur les doigts d'une demi main) qui se hâtaient
vers on ne sait quelle obscure activité, nous indiquèrent la boulangerie.
La boulangerie pluridisciplinaire servait le jus, le petit noir, le café qui
donne un coup de trique... Un passant nous installa quelques tables en face de
la boutique (il n'y avait que la rue à traverser!)
Nous avons donc
investi la petite boulangerie-pâtisserie quinepayaitpasdemine, et
Pierrette nous a généreusement offert croissants et petits pains pour
consolider le petit déjeuner pris à la hâte avant notre départ. Moment
divin qui nous a dé - cillé les yeux et, comme par enchantement, a nettoyé le
ciel de sa brume matinale.
Fouettés par le
breuvage noir, la potion magique qui distille l'insomnie chez les
amoureux des livres, nous sommes partis à la conquête des échoppes où les
libraires, lavant le seuil par ci, donnant un coup de plumeau par là,
accueillaient les premiers visiteurs et clients potentiels que nous
étions, avec la discrétion et le silence qui conviennent à ces lieux de
recueillement. Chaque librairie quelle que soit sa taille, est un temple où se
déroule la même cérémonie secrète : les narines frémissent à l'odeur du
papier, de la colle, de la poussière - à l'odeur des livres si caractéristique,
si envoûtante pour les amoureux lecteurs : un parfum tenace venu de temps
lointains et qui évoque les souvenirs d'histoires à ne pas dormir debout,
d'histoires et de contes d'ailleurs qui incitent au voyage.
Ainsi, chacun
avait-il le loisir de se perdre dans les rayonnages où les ouvrages, serrés les
uns contre les autres, attendent d'être découverts, choisis, arrachés au
rayonnage grégaire pour tomber dans les mains avides et tremblantes
d'un lecteur enchanté. Il en est des rencontres livresques comme de l'ivresse
des rencontres amoureuses. Le livre choisi devient le compagnon de route,
le compagnon d'exil qui est notre royaume, le compagnon de
poche, le compagnon d'un soir ou d'une vie, celui qui vous met la tête
ailleurs, la tête dans les étoiles, la tête entre les lignes, la tête farcie de
poésie...
À onze heures
trente, il fallut s'arracher au commerce des livres. Un banc, face au
distributeur de légumes bio, accueillit les plus ponctuels. Nous pûmes admirer
les casiers remplis d'un mini marché de légumes : là une tomate et une
aubergine avec un melon, ailleurs, deux courgettes, des tomates, une salade et
un concombre. Chacun pouvait vider le casier de son choix contre quelques
pièces de monnaie et c'était le jackpot. Les légumes attendaient le client
derrière la vitre avec la patience qui sied aux papivores de Montolieu.
Puis nous avons
rejoint l'Apostrophe, haut lieu de la gastronomie Montolieureine, afin d'y
siroter un apéritif élégamment offert par Kaf'kali : un Chardonnay
blanc dont la fraîcheur transpirait en un glacis humide sur les parois bombées
du verre. L'Apostrophe, pivot d'une ancienne manufacture
de draperie sous Colbert, s'est reconverti en restaurant dans un cadre qui fait
penser à ces vieilles villas italiennes, lascives dans leur faux abandon.
Tandis que nous nous rafraîchissions des fruits de la vigne, et croquions des
olives de la région, nous échangions des considérations désabusées sur le monde
tel qu'il va. Ce lieu du passé incitait à une forme de mélancolie, celle qui
présage la fin des civilisations, la nôtre en particulier, qui fut pourtant
sublime, forcément sublime... Puis nous avons quitté cette scène un peu
durassienne ou durassique (chacun choisira), ses amants, son Marin
de Gibraltar et son barrage sur le Pacifique, ce théâtre d'ombres chinoises
comme toile de fond.
Cet adieu au monde
qui fut, nous avait creusé l'estomac et nous remontâmes vers le cœur du village
pour retrouver les nourritures terrestres dont on ne saurait se passer,
du moins tant que la vie nous tient encore chaudement dans ses bras.
« Les anges
au plafond » nous attendaient au-dessus d'une longue table dressée rien
que pour nous, ceux de Kaf'kali ! Certes, nous n'avions pas les fresques
de la Chapelle Sixtine au-dessus de nos têtes, mais quelques angelots
rieurs qui lorgnaient nos assiettes bien pleines. Les anges au plafond
descendirent pour jouer « un ange à ma table », évocation d'un très
beau film de Jane Campion, tiré du récit poignant de Janet Frame. Des livres,
encore des livres ! Des livres à boire et à manger. Des livres fous, des
livres sages. La lecture à perpétuité.
Nous avons quitté
les anges pour visiter le Musée où s'exposait, comme partout dans la région,
l'hommage à Edmond Charlot qui publia Camus et bien d'autres auteurs
méditerranéens.
Là, toute une
artillerie de vieilles machines à écrire des livres et des
journaux, de presses à bras et à manivelle, de massicots à massicoter, de
casses à péter les plombs, tout ce qui sert à imprimer depuis Gutenberg ou
presque ! Quel beau métier que celui du linotypiste qui connaissait
l'orthographe sur le bout des doigts, tandis que le papier d'un
blanc immaculé s'emplissait des mots pressés du jus de l'encre fraîche.
Et nous sommes
rentrés à Montagnac, doucement, un peu somnolents - hormis les chauffeurs qui
n'ont pas encore le pilotage automatique -, la tête pleine de bouquins,
pleine d'odeurs de papyrus, pleine de mots ciselés comme les vitraux de
l'église de Montolieu, Montocieux, priez pour nous, pauvres pêcheurs de
mots, de perles du texte, amoureux des reliures dorées sur tranche.
Et maintenant, à nous deux la
page blanche !"
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"Une Journée à Montolieu, village du livre
et des libraires" - Evelyne Tschirhart le 3 juillet 2015 -
"Un des temps forts de Kaf'kali
fut bien cette journée à Montolieu, village de l'Aude, réputé pour
ses librairies innombrables, où les nourritures spirituelles allument leur
fanal dans chaque rue et ruelle.
Pourtant, à notre
arrivée, nous avons cru - ayant quitté Montagnac sous un azur sans
mélange, que le ciel allait nous tomber sur la tête, tant les brumes matinales
semblaient ne pas vouloir se dissiper ! D'aucuns, les frileux, regrettaient
déjà la petite laine qu'ils avaient omis d'emporter avec eux. Il y a des
optimistes invétérés...
À peine arrivés
au village, nous nous sommes mis en quête d'un café, d'un bar tabac, d'un
bistrot, si vous préférez. Mais tous étaient fermés, désespérément clos, ce qui
donnait au village une ambiance un peu étrange : était-il abandonné ?
Ensommeillé ? Encore plongé dans les bras de Morphée ? Un village de
conte de fées, endormi pour cent ans comme la Princesse attendant son
prince charmant ? Nous étions déjà dans un phénomène paranormal, une
histoire à dormir debout. Nous avions beau nous frotter les yeux, point de café
à l'horizon.
Par chance,
quelques habitants (à compter sur les doigts d'une demi main) qui se hâtaient
vers on ne sait quelle obscure activité, nous indiquèrent la boulangerie.
La boulangerie pluridisciplinaire servait le jus, le petit noir, le café qui
donne un coup de trique... Un passant nous installa quelques tables en face de
la boutique (il n'y avait que la rue à traverser!)
Nous avons donc
investi la petite boulangerie-pâtisserie quinepayaitpasdemine, et
Pierrette nous a généreusement offert croissants et petits pains pour
consolider le petit déjeuner pris à la hâte avant notre départ. Moment
divin qui nous a dé - cillé les yeux et, comme par enchantement, a nettoyé le
ciel de sa brume matinale.
Fouettés par le
breuvage noir, la potion magique qui distille l'insomnie chez les
amoureux des livres, nous sommes partis à la conquête des échoppes où les
libraires, lavant le seuil par ci, donnant un coup de plumeau par là,
accueillaient les premiers visiteurs et clients potentiels que nous
étions, avec la discrétion et le silence qui conviennent à ces lieux de
recueillement. Chaque librairie quelle que soit sa taille, est un temple où se
déroule la même cérémonie secrète : les narines frémissent à l'odeur du
papier, de la colle, de la poussière - à l'odeur des livres si caractéristique,
si envoûtante pour les amoureux lecteurs : un parfum tenace venu de temps
lointains et qui évoque les souvenirs d'histoires à ne pas dormir debout,
d'histoires et de contes d'ailleurs qui incitent au voyage.
Ainsi, chacun
avait-il le loisir de se perdre dans les rayonnages où les ouvrages, serrés les
uns contre les autres, attendent d'être découverts, choisis, arrachés au
rayonnage grégaire pour tomber dans les mains avides et tremblantes
d'un lecteur enchanté. Il en est des rencontres livresques comme de l'ivresse
des rencontres amoureuses. Le livre choisi devient le compagnon de route,
le compagnon d'exil qui est notre royaume, le compagnon de
poche, le compagnon d'un soir ou d'une vie, celui qui vous met la tête
ailleurs, la tête dans les étoiles, la tête entre les lignes, la tête farcie de
poésie...
À onze heures
trente, il fallut s'arracher au commerce des livres. Un banc, face au
distributeur de légumes bio, accueillit les plus ponctuels. Nous pûmes admirer
les casiers remplis d'un mini marché de légumes : là une tomate et une
aubergine avec un melon, ailleurs, deux courgettes, des tomates, une salade et
un concombre. Chacun pouvait vider le casier de son choix contre quelques
pièces de monnaie et c'était le jackpot. Les légumes attendaient le client
derrière la vitre avec la patience qui sied aux papivores de Montolieu.
Puis nous avons
rejoint l'Apostrophe, haut lieu de la gastronomie Montolieureine, afin d'y
siroter un apéritif élégamment offert par Kaf'kali : un Chardonnay
blanc dont la fraîcheur transpirait en un glacis humide sur les parois bombées
du verre. L'Apostrophe, pivot d'une ancienne manufacture
de draperie sous Colbert, s'est reconverti en restaurant dans un cadre qui fait
penser à ces vieilles villas italiennes, lascives dans leur faux abandon.
Tandis que nous nous rafraîchissions des fruits de la vigne, et croquions des
olives de la région, nous échangions des considérations désabusées sur le monde
tel qu'il va. Ce lieu du passé incitait à une forme de mélancolie, celle qui
présage la fin des civilisations, la nôtre en particulier, qui fut pourtant
sublime, forcément sublime... Puis nous avons quitté cette scène un peu
durassienne ou durassique (chacun choisira), ses amants, son Marin
de Gibraltar et son barrage sur le Pacifique, ce théâtre d'ombres chinoises
comme toile de fond.
Cet adieu au monde
qui fut, nous avait creusé l'estomac et nous remontâmes vers le cœur du village
pour retrouver les nourritures terrestres dont on ne saurait se passer,
du moins tant que la vie nous tient encore chaudement dans ses bras.
« Les anges
au plafond » nous attendaient au-dessus d'une longue table dressée rien
que pour nous, ceux de Kaf'kali ! Certes, nous n'avions pas les fresques
de la Chapelle Sixtine au-dessus de nos têtes, mais quelques angelots
rieurs qui lorgnaient nos assiettes bien pleines. Les anges au plafond
descendirent pour jouer « un ange à ma table », évocation d'un très
beau film de Jane Campion, tiré du récit poignant de Janet Frame. Des livres,
encore des livres ! Des livres à boire et à manger. Des livres fous, des
livres sages. La lecture à perpétuité.
Nous avons quitté
les anges pour visiter le Musée où s'exposait, comme partout dans la région,
l'hommage à Edmond Charlot qui publia Camus et bien d'autres auteurs
méditerranéens.
Là, toute une
artillerie de vieilles machines à écrire des livres et des
journaux, de presses à bras et à manivelle, de massicots à massicoter, de
casses à péter les plombs, tout ce qui sert à imprimer depuis Gutenberg ou
presque ! Quel beau métier que celui du linotypiste qui connaissait
l'orthographe sur le bout des doigts, tandis que le papier d'un
blanc immaculé s'emplissait des mots pressés du jus de l'encre fraîche.
Et nous sommes
rentrés à Montagnac, doucement, un peu somnolents - hormis les chauffeurs qui
n'ont pas encore le pilotage automatique -, la tête pleine de bouquins,
pleine d'odeurs de papyrus, pleine de mots ciselés comme les vitraux de
l'église de Montolieu, Montocieux, priez pour nous, pauvres pêcheurs de
mots, de perles du texte, amoureux des reliures dorées sur tranche.
Et maintenant, à nous deux la
page blanche !"
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