Compte rendu
rédigé
par Evelyne Tschirhart
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Jeudi
8 janvier
2015
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18h 30 – Accueil des participants et de 3
nouveaux adhérents – Signature feuille de présence – Meilleurs vœux à tous -
►
Infos diverses
- Pensée pour les victimes de Charlie Hebdo – Rassemblement samedi 10 janvier devant l’Hôtel de ville -
- Gros succès de la Conférence sur la Révolution Culturelle chinoise du 4 décembre 2014 par Evelyne Tschirhart. CD et DVD sur demande via mail à kafkali34@gmail.com
- Retour satisfaisant sur la participation du Kaf’kali au marché de Noël par Evelyne et Alain
- 31 janvier 2015 : Rappel Fin du Concours de nouvelles – Remise des prix : 30 mai 2015
- 14 février : Salon du Livre
►programme et bibliographie des auteurs présents sur
le blog
►Questionnaire
- Les questionnaires ont été dépouillés par le bureau. Ils feront l’objet d’une discussion
lors du prochain café littéraire
de février et les résultats seront pris en compte.
► Thème du jour : « Eté »
d’Edith Wharton et “Madame Bovary” de Flaubert –
Séance vive et échanges
passionnés, difficile d’en faire un compte-rendu exhaustif !
« Eté »
L'histoire se déroule au début de l'été et ce termine
avec l'arrivée de l'automne.
La jeune Charity, recueillie enfant par un avocat du petit
village de North Dormer, en Nouvelle-Angleterre, s'est résignée à une vie
étriquée, au pied des montagnes, rythmée par les heures qu'elle passe à
dépoussiérer et ordonner la minuscule bibliothèque municipale.
Un jour de début d'été, elle voit apparaître dans ce bout du monde un jeune architecte, Lucius Harney, venu dessiner des croquis d'habitats traditionnels de la région. Très vite, elle s'éprend de lui.
Un jour de début d'été, elle voit apparaître dans ce bout du monde un jeune architecte, Lucius Harney, venu dessiner des croquis d'habitats traditionnels de la région. Très vite, elle s'éprend de lui.
Roman sensuel où l’on voit la jeune fille s’éveiller
à l’amour avec une liberté franche. Cette sensualité se confond avec l’été :
saison de plénitude, de sève… appel à la jouissance du corps et des sens.
La Montagne d’où vient l’héroïne, Charity, surplombe
la vallée ensoleillée et vibrante ; elle a quelque chose de sinistre (en
opposition avec la vallée) et d’inquiétant. Charity sait qu’elle est née
là-haut, chez les pauvres et les déclassés. Elle a été élevée par les Royal.
Comme dans beaucoup de romans d’Édith Wharton, les
clivages de la société sont présents dans ce roman. Charity aime un jeune homme
qui appartient à une autre classe sociale. Il est architecte, instruit et
Charity qui aspire à un autre monde se rend compte, même si elle
est intelligente, qu’il lui manque la connaissance.
Elle ne revendique rien pour elle lorsqu’elle comprend qu’il va épouser une
femme de son rang.
Elle est un être libre et, quand elle apprend qu’elle
est enceinte, après la tentation de l’avortement, elle décide de garder
l’enfant. Elle est prête à retourner vivre parmi les siens et s’engage sur le
chemin qui mène à la Montagne mais elle apprend que sa mère est mourante. Quand
elle arrive avec le médecin, il est trop tard, sa mère vient de mourir. Elle a
devant elle le tableau de la déchéance des êtres qui vivent dans cet endroit et
elle décide de retourner au village. Ainsi la boucle est bouclée.
Sur le chemin, elle trouve monsieur Royal qui vient
la chercher. Monsieur Royal, bien qu’étant son tuteura eu un geste plus
qu’équivoque à son égard et elle a eu le courage de le repousser. Cependant,
dans la situation délicate dans laquelle elle se trouve, elle n’a d’autre
alternative que d’accepter de l’épouser, d’autant qu’il montre une réelle
affection pour elle. Son enfant aura un père et c’est ce qui donne sens au
sacrifice de la jeune fille.
Court roman des espoirs et des cruautés de l'amour et
description impitoyable de l'oppression exercée par la "normalité"
sociale contre les aspirations de l'individu.
Les commentaires
- Eric : n’a apprécié ni l’intrigue ni le style. Pour lui c’est du « sous Paul Bourget ».
- Alain : a trouvé le scénario convenu et ennuyeux.
- Agnès : a aimé le livre. L’a trouvé bien écrit et de belles descriptions.
- André a aimé le livre et a mis l’accent sur le sacrifice de Charity obligée d’épouser un homme plus âgé qu’elle. Met les deux livres en parallèle : deux destins de femmes qui se rejoignent d’une certaine façon.
- Danièle : a trouvé de la fraîcheur à « Eté» comparée à la maturité et à la décadence progressive d’Emma Bovary.
Autres livres d’Édith
Wharton : « Chez les Heureux du monde » – « La
récompense d’une mère » – « Ethan Frome » – « L’écueil » ....
« Madame Bovary »
Ce roman de Flaubert suscite des
discussions passionnées !
- Alain : trouve le personnage de Emma assez peu intéressant : bourgeoise qui s’ennuie et qui ne sait pas profiter de sa vie. Cependant, il trouve l’écriture très belle.
- Éric : est très sévère à l’égard d’Emma et porte des jugements très durs sur sa conduite.
- André : Replace le livre dans son contexte social et fait observer le caractère romantique du personnage. Flaubert ne juge pas, il décrit des personnages.
- Marie-Françoise : n’aime pas le personnage d’Emma qu’elle juge superficielle et qui devrait, selon elle, s’occuper de son mari et de sa famille plutôt que de chercher des aventures.
- Evelyne : évoque Flaubert qui ne jugeait pas Madame Bovary. Il les décrit tels qu’ils sont. L’écrivain ne doit pas être un justicier. Selon lui, Emma est un personnage beaucoup plus intéressant que Charles qu’il décrit ainsi : « Charles était un être médiocre et ennuyeux comme un trottoir de rue et les idées, la conversation de Charles y défilaient dans leur costume ordinaire, sans exciter d’émotion, de rire, ou de rêve. »
Flaubert
parle encore de la lâcheté des hommes et de la virilité d’Emma. C’est aussi ce
que Baudelaire avait dit d’Emma : elle est androgyne. Les autres personnages
sont intéressants : Homais, intelligent se croit un homme émancipé. Il est pour
le progrès des sciences. Il est tout ce que Flaubert déteste. Pour lui, c’est
un pédant. Emma est aussi victime de la société de consommation naissante. Elle
est poussée à acheter et elle finit par s’endetter.
- Danièle n’a pas aimé le personnage d’Emma. A redécouvert par contre avec délectation le réalisme et le style magnifique de Flaubert.
►→Appel à cotisations 2014-2015 :
-
La cotisation est portée à 15€ pour la saison
2014-2015 – 20€ pour les couples
Date prochaine
rencontre : jeudi 5 février 2015 sur le
thème du roman policier : romans de Patricia
Highsmith en lecture libre.
Et pour clore la séance Galette des rois !
*********
Pour aller plus loin
Baudelaire sur Madame
Bovary :
« Il ne restait plus à l'auteur, pour
accomplir le tour de force dans son entier, que de se dépouiller (autant que
possible) de son sexe et de se faire femme. Il en est résulté une merveille ;
c'est que, malgré tout son zèle de comédien, il n'a pas pu ne pas infuser un
sang viril dans les veines de sa créature, et que madame Bovary, pour ce qu'il
y a en elle de plus énergique et de plus ambitieux, et aussi de plus rêveur,
madame Bovary est restée un homme. Comme la Pallas armée, sortie du cerveau de
Zeus, ce bizarre androgyne a gardé toutes les séductions d'une âme virile dans
un charmant corps féminin.... »
Plusieurs critiques avaient dit : cette
oeuvre, vraiment belle par la minutie et la vivacité des descriptions, ne
contient pas un seul personnage qui représente la morale, qui parle la
conscience de l'auteur. Où est-il, le personnage proverbial et légendaire,
chargé d'expliquer la fable et de diriger l'intelligence du lecteur ? En
d'autres termes, où est le réquisitoire ?
Absurdité ! Éternelle et incorrigible
confusion des fonctions et des genres ! - Une véritable oeuvre d'art n'a pas
besoin de réquisitoire. La logique de l'oeuvre suffit à toutes les postulations
de la morale, et c'est au lecteur à tirer les conclusions de la conclusion.
Quant au personnage intime, profond, de la
fable, incontestablement c'est la femme adultère ; elle seule, la victime
déshonorée, possède toutes les grâces du héros. - Je disais tout à l'heure
qu'elle était presque mâle, et que l'auteur l'avait ornée (inconsciencieusement
peut-être) de toutes les qualités viriles. »
Une nouvelle preuve de la qualité toute
virile qui nourrit son sang artériel, c'est qu'en somme cette infortunée a moins
souci des défectuosités extérieures visibles, des provincialismes aveuglants de
son mari, que de cette absence totale de génie, de cette infériorité
spirituelle bien constatée par la stupide opération du pied bot.
Et à ce sujet, relisez les pages qui contiennent
cet épisode, si injustement traité de parasitique, tandis qu'il sert à mettre
en vive lumière tout le caractère de la personne. - Une colère noire, depuis
longtemps concentrée, éclate dans toute l'épouse Bovary ; les portes claquent ;
le mari stupéfié, qui n'a su donner à sa romanesque femme aucune jouissance
spirituelle, est relégué dans sa chambre ; il est en pénitence, le coupable
ignorant ! et madame Bovary, la désespérée, s'écrie, comme une petite lady
Macbeth accouplée à un capitaine insuffisant : «Ah !que ne suis-je au moinsla
femme d'un de ces vieux savants chauves et voûtés, dont les yeux abrités de
lunettes vertes sont toujours braqués sur les archives de la science ! je
pourrais fièrement me balancer à son bras ; je serais au moins la compagne d'un
roi spirituel ; mais la compagne de chaîne de cet imbécile qui ne sait pas
redresser le pied d'un infirme ! oh !» Cette femme, en réalité, est très
sublime dans son espèce, dans son petit milieu et en face de son petit horizon
; 4° Même dans son éducation de couvent, je trouve la preuve du tempérament
équivoque de madame Bovary....
Les bonnes soeurs ont
remarqué dans cette jeune fille une aptitude étonnante à la vie, à profiter de
la vie, à en conjecturer les jouissances ; - voilà l'homme d'action !
Cependant la jeune fille s'enivrait
délicieusement de la couleur des vitraux, des teintes orientales que les
longues fenêtres ouvragées jetaient sur son paroissien de pensionnaire ; elle
se gorgeait de la musique solennelle des vêpres, et, par un paradoxe dont tout l'honneur
appartient aux nerfs, elle substituait dans son âme au Dieu véritable le Dieu
de sa fantaisie, le Dieu de l'avenir et du hasard, un Dieu de vignette, avec
éperons et moustaches ; - voilà le poète hystérique. »
BAUDELAIRE, Charles
(1821-1867) : Madame Bovary par Gustave Flaubert (in L'Artiste, 18 octobre
1857).
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