rencontres
littéraires du jeudi 10 janvier 2019
Pour ce premier
rendez-vous de la nouvelle année, nos amis kaf’kaliens se sont retrouvés
nombreux malgré le froid !
►Après les échanges de vœux
traditionnels, Jean-Pierre, notre vice-président a rappelé la « Nuit de
la Lecture » du samedi 19 janvier, évènement littéraire
national récurrent depuis plusieurs années, mis à l’honneur pour la première
fois dans notre village à l’initiative du Kaf’kali. La
manifestation se déroulera à la médiathèque de 17h à la nuit, en partenariat
avec plusieurs associations culturelles de Montagnac, la médiathèque et la
municipalité. Cette « rencontre au clair de lune », prétexte à échange
et partage autour du livre, débutera à 15h par une foire aux livres et
s’achèvera sur une veillée « scène ouverte », réchauffée par un vin
chaud et les surprises d’une auberge espagnole.
►Après cela le thème du jour
qui portait sur les œuvres de Marguerite Duras en lecture libre, a été
abordé. De nombreux romans de l’auteur ayant été repris à l’écran, Jean-Pierre exprime
le souhait que le choix des films du Cinéma
Paradiso, puisse se faire dans la mesure du possible, en lien avec
les thèmes littéraires retenus par le Kaf’kali.
►A titre d’information, le Cinéma Paradiso
reprendra son activité pour notre plus grand plaisir, dès le 8 mars
prochain. Le film choisi en est encore gardé secret par Patrick, notre
responsable artistique. Alors chut patience !
*********
Marguerite
Duras
Les romans en
question en lecture libre
*Michelle : « Un barrage contre le
Pacifique » (1950)
"Les barrages de la mère dans la plaine, c'était le grand
malheur et la grande rigolade à la fois, ça dépendait des jours. C'était la
grande rigolade du grand malheur. C'était terrible et c'était marrant. Ça
dépendait de quel côté on se plaçait, du côté de la mer qui les avait fichus en
l'air, ces barrages, d'un seul coup d'un seul, du côté des crabes qui en
avaient fait des passoires, ou au contraire, du côté de ceux qui avaient mis
six mois à les construire dans l'oubli total des méfaits pourtant certains de
la mer et des crabes. Ce qui était étonnant c'était qu'ils avaient été deux
cents à oublier ça en se mettant au travail."
Sans être une autobiographie, cet ouvrage a été inspiré à
Marguerite Duras par son adolescence en Indochine. La misère. Dur et glauque.
*Roxane et Danièle : « Le marin de
Gibraltar » (1952)
Un homme qui veut changer sa vie s'engage sur un bateau. Sur
ce bateau il y a une femme qui court le monde à la recherche du marin de
Gibraltar qu'elle a aimé et qui a disparu.
L'amour naît entre l'homme qui veut changer sa vie et la femme qui cherche le marin de Gibraltar. Ensemble, ils vont rechercher avec scrupule ce marin disparu. S'ils le trouvent ce sera la fin de leur amour. Étrange contradiction.
L'amour naît entre l'homme qui veut changer sa vie et la femme qui cherche le marin de Gibraltar. Ensemble, ils vont rechercher avec scrupule ce marin disparu. S'ils le trouvent ce sera la fin de leur amour. Étrange contradiction.
Lent, flou, sensation d’inachevé. Le roman suit le rythme des
vagues, le rythme de la mer, houle ou calme plat. Le whisky coule à flot. On
aime ou on débarque…
*André : « La douleur »
« J'ai retrouvé ce journal
dans deux cahiers des armoires bleues de Neauphle-le-Château.
Je n'ai aucun souvenir de l'avoir écrit. Je sais que je l'ai fait, que c'est moi qui l'ai écrit, je reconnais mon écriture et le détail de ce que je raconte, je revois l'endroit, la gare d'Orsay, les trajets, mais je ne me vois pas écrivant ce Journal. Quand l'aurais-je écrit, en quelle année, à quelles heures du jour, dans quelles maisons? Je ne sais plus rien.
Comment ai-je pu écrire cette chose que je ne sais pas encore nommer et qui m'épouvante quand je la relis. Comment ai-je pu de même abandonner ce texte pendant des années dans cette maison de campagne régulièrement inondée en hiver.
La douleur est une des choses les plus importantes de ma vie. Le mot « écrit » ne conviendrait pas. Je me suis trouvée devant des pages régulièrement pleines d'une petite écriture extraordinairement régulière et calme. Je me suis trouvée devant un désordre phénoménal de la pensée et du sentiment auquel je n'ai pas osé toucher et au regard de quoi la littérature m'a fait honte." M.D.
Je n'ai aucun souvenir de l'avoir écrit. Je sais que je l'ai fait, que c'est moi qui l'ai écrit, je reconnais mon écriture et le détail de ce que je raconte, je revois l'endroit, la gare d'Orsay, les trajets, mais je ne me vois pas écrivant ce Journal. Quand l'aurais-je écrit, en quelle année, à quelles heures du jour, dans quelles maisons? Je ne sais plus rien.
Comment ai-je pu écrire cette chose que je ne sais pas encore nommer et qui m'épouvante quand je la relis. Comment ai-je pu de même abandonner ce texte pendant des années dans cette maison de campagne régulièrement inondée en hiver.
La douleur est une des choses les plus importantes de ma vie. Le mot « écrit » ne conviendrait pas. Je me suis trouvée devant des pages régulièrement pleines d'une petite écriture extraordinairement régulière et calme. Je me suis trouvée devant un désordre phénoménal de la pensée et du sentiment auquel je n'ai pas osé toucher et au regard de quoi la littérature m'a fait honte." M.D.
Première œuvre de M.D. Ce roman commence par la fin. L'attente
déchirante d'une femme à la fin de la Seconde Guerre mondiale, d’un époux
arrêté en 1944 puis déporté à Buchenwald et à Dachaud. Elle a greffé sans le
savoir sa propre douleur dans l'espoir. Récit d'un corps qui se vide de sa mort
et tente de se rouvrir à la vie. Dialogue impossible entre celle qui a attendu
et celui qui est revenu. L’attitude de l’héroïne annonce les contradictions de
l’auteur.
Haine et cruauté, douleur de la victime, douleur du bourreau
aussi.
*Josette : « L’amant »
Roman autobiographique, "L'amant" est un troublant
récit d'initiation amoureuse. Marguerite Duras alors jeune fille, y confie sa rencontre sur le bac qui traverse
le Mékong avec un rentier chinois d’âge mûr de Saigon. On ressent d’emblée
l'attirance physique et la relation passionnée qui s'ensuivra, relation
sublimée dans l'Indochine coloniale de l'entre deux guerres, par un
environnement extraordinaire.
Une histoire d'amour aussi improbable que magnifique. Une
écriture fluide et directe.
*Simone : Extraits d’une interview de
Marguerite Duras par Bernard Pivot
Marguerite Duras y livre de nombreux souvenirs éclairants sur
son oeuvre : le désir pour ce premier amant, la peur, le racisme, les rapports
douloureux avec son frère et sa mère, l'écriture, la politique, la guerre,
l'enfance coloniale ou l'alcoolisme.
En CONCLUSION
L’on
pourrait dire que Marguerite Duras était une femme de tempérament qui a joué
toute sa vie la provocation. Ses écrits, ses prises de position politiques ou
sociales ont été en leur temps largement controversés. Il faut cependant
reconsidérer son attitude dans le contexte de l’époque. Son œuvre s’inscrit
dans la mouvance du nouveau roman ou « anti-roman », une
recherche littéraire qui visait à rendre la vie telle qu’elle était, faite de
nuances et de contradictions.
Nous
avons dans tous les cas largement trouvé matière à débattre dans une ambiance
chaleureuse et enthousiaste, celle-ci sans conteste favorisée par les échanges
libres et interactifs de nos rencontres.
Pour
clore cette soirée, nous avons joyeusement partagé des nourritures plus
terrestres au goût de galette et de cidre !
Prochaines
rencontres :
*Samedi 19 janvier : « Nuit de la lecture » à la médiathèque.- (programme sur le blog et les RV DU
MOIS)
*Jeudi 14 février : rencontre littéraire sur le thème de « L’amour !
Chez Rimbaud et Baudelaire » - Lecture libre.-
*********
Marguerite Duras
Auteur commun en lecture
libre
Pistes de
lecture….
Auteur |
Titres |
Quelques mots… |
Marguerite Duras |
Les Impudents (1943) |
Premier roman autobiographique |
La Vie tranquille (1944) |
Deuxième roman de Marguerite Duras |
|
Un Barrage contre le Pacifique (1950) |
récit de la désillusion indochinoise |
|
Le Marin de Gibraltar (1952) |
Une quête du bonheur à la recherche d'une définition de l'amour absolu |
|
Les Petits chevaux de Tarquinia (1953) |
Récit des vacances d'un groupe d'amis français, partis dans un village isolé d'Italie |
|
Des journées entières dans les arbres (1954) Adaptation au théâtre |
Une mère revient des colonies voir son fils |
|
Le Square (1955) |
||
Moderato Cantabile (1958) |
Un meurtre a lieu dans un café au-dessus duquel Anne Desbaresdes accompagne son fils à sa leçon de piano |
|
Arrêtés dans un petit village
non loin de Madrid, les protagonistes apprennent qu'un meurtre a eu lieu dans
la journée
|
||
Adapté au
cinéma en 2004
|
Roman écrit à partir de la
vision d’une villa isolée dans la forêt, avec vue sur la mer…
|
|
Ah ! Ernesto (1971)
|
Conte pour enfants. L'œuvre la
plus méconnue de Marguerite Duras.
|
|
L'Amant de la
Chine du Nord (1984)
|
Prix Goncourt 1984
|
|
La Douleur (1985)
|
Cahiers de guerre
|
|
La Pluie d'été (1990)
|
Conte
pour enfant
|
et bien
d’autres encore à découvrir ou redécouvrir !
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire